jeudi 9 janvier 2014

La sans par - Christiana Moreau

Présentation :
Silvia, jeune restauratrice d'oeuvres d'art, belge d'origine italienne, hérite d'une mystérieuse statue de sa grand-mère Maria. Celle-ci avait quitté sa Toscane natale à la fin des années cinquante pour rejoindre son mari venu travailler avec des milliers d'émigrés italiens dans les mines de charbon en Belgique.
Qui est la mystérieuse jeune femme représentée en terre cuite dans cette sculpture de la Renaissance florentine, si belle, au regard lointain? Quelle fut sa vie et pourquoi son sourire est-il si triste?
Qui est cette Costanza Marsiati, inconnue dans le monde de l'art qui a pourtant signé une oeuvre parfaite?
Silvia va se rendre à Florence et enquêter sur son énigmatique sculpture, l'occasion de remonter dans le temps, à l'époque flamboyante du quattrocento où seigneurs, artistes, modèles et mécènes avaient tous vingt ans.
Le destin croisé de quatre femmes italiennes, de la Renaissance à nos jours, autour d'un fil rouge qui les réunira par-delà les siècles : La sans par.

Mon avis :
A la mort de sa grand-mère, Maria, Silvia (restauratrice d’œuvres d'art en Belgique) hérite d'un magnifique buste de femme : La sans par. 
L’œuvre date de 1494 et, est signée par une femme, Costanza Marsiati. Elle découvrira bien vite, que le modèle n'est autre que Simonetta Vespucci, magnifique femme ayant de servie de modèle idéal à Botticelli et bien d'autres. 
Silvia souhaite en savoir plus sur l'artiste, sur Simonetta et sur l'histoire de cette statue, qui se transmet de mère en fille depuis des générations. Elle part donc à Florence, ville de beauté où l'histoire de la sans par s'est jouée. 

Ce roman historique de Christiana Moreau nous dévoile le destin de quatre femmes extraordinaires : Silvia, Maria, Costanza et Simonetta. 
Avec elles, c'est l'histoire des femmes, de l'art et de l'humanité qui nous est contée. 

Simonetta Vespucci était une femme issue d'une famille noble, d'une grande beauté (de corps et d'esprit). Beaucoup tombèrent sous son charme, notamment Botticelli, Leonard de Vinci, alors simple élève dans une bottega, Poliziano et même Giuliano de'Medici, qui fut son amant (et aussi l'autre modèle idéal, le masculin, de Botticelli). 

Que ce soit dans La naissance de Vénus, dans Le printemps ou d'autres œuvres du grand Botticelli, c'est le visage, la silhouette de Simonetta que nous admirons. 

Costanza Marsiati est la fille d'un artisan potier de la célèbre ville d'Impruneta, réputée pour son argile grise de grande qualité, prenant une couleur ocre après cuisson.
Cette jeune fille courageuse, passionnée n'a qu'un désir : être une artiste. Elle décide alors de rejoindre Florence, là où sous l'impulsion des Médicis, l'art à pris son envol. Elle souhaite intégrer l'atelier des frères Pollaiulo. Mais à l'époque, Savonarole, un moine sans scrupule gagne petit à petit le cœur des florentins. Les femmes n'ont pas le droit d'être artiste (d'où le déguisement de garçon que Costanza revêt, pour intégrer la bottega). Savonarole fait la chasse aux sorcières et aux vanités. Florence et ses artistes s'apprêtent à vivre des heures sombres. 

Maria, la grand-mère de Silvia, a du quitter sa Toscane natale, avec La sans par dans sa valise, afin de rejoindre son marie en Belgique. Après la guerre, l'Italie connait une crise, la Belgique a besoin de main d’œuvre. Un échange écœurant est donc mis en place : contre un ouvrier italien qui viendra travailler dans les mines belge, le gouvernement italien recevra du charbon ! Outre les conditions de travail difficile et dangereuse, les accidents, les mineurs, leurs familles doivent se parquer dans les baraquements des camps de concentration que les allemands avaient construit là, pendant la guerre. 

Quatre femmes, quatre époques et quatre combats. 
D'une plume alerte, douce et fluide, Christiana Moreau nous entraîne sur les pas de femmes merveilleuses, de la Renaissance à nos jours. 
Le style de l'auteur, son immense travail de recherche et de documentation, font de cette œuvre, un ouvrage passionnant, d'une grande richesse où la beauté transpire. 
Ce roman historique est essentiel pour qui aime l'art, la Renaissance italienne, l'histoire et la beauté. 
Je suis, quant à moi, de plus en plus attirée par cette période, par les Médicis, par Florence et, cet ouvrage magnifique, que je vous conseille, est un incontournable de toute bibliothèque ! 

Mon petit éditeur - 2013

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